Brusquement et sans signes avant-coureurs, Volkov tape du poing sur la table : «Vous pensez que je ne me rends pas compte que mon fils est très sérieusement malade ? Vous, les médecins, vous nous prenez tous pour des imbéciles ! Vous savez qui je suis ?» Andreï pose ses mains à plat sur ses genoux. D’une part, il ne sait pas quoi répondre. De l’autre, il devine que tout ce qu’il pourra dire sera pris pour de la provocation. Il est fort naturel qu’un père ait besoin d’exprimer ses émotions. Et il faut surtout que Volkov ait le sentiment d’être un parent et rien d’autre, ici, dans cet hôpital. Mais Volkov est un des chefs de la terrible police secrète. On est à Leningrad, en 1952. Andreï, jeune et brillant pédiatre, a vu arriver dans son service un petit garçon souffrant d’un très grave cancer des os - le fils unique de Volkov. Or celui-ci n’accepte pas le diagnostic, ni le verdict : amputation d’une jambe. Quoi qu’il arrive, Andreï sera coupable et donc puni. Alors que faire, quand l’étau se referme sur lui et sa famille ? Partir dans une autre ville ? On le retrouvera. Se cacher ? C’est impossible. Lâché par ses collègues et amis, tous contaminés par la terreur ambiante et prêts à le trahir, il risque de payer le prix fort.