Suzanne, vingt ans à peine, enceinte sans le savoir, est arrêtée pour faits de résistance. Elle part en mai 1944 pour Ravensbrück. La véritable horreur commence : la faim, la promiscuité, la puanteur, la violence bestiale, la mort ; le corps et la vie qui s'écoulent, en sang, en pus, en vomissements, en excréments. Insolite, absurde, Kinderzimmer, la chambre des enfants, accueille les nouveau-nés. Alignés sur des étagères, grignotés par les rats, ils meurent lentement de faim ou de maladie. L'humain ne subsiste plus que dans les mots, la solidarité, les gestes de réconfort à quoi s'accrocher. Survivre avec l'enfant… Véronique Goby (Banquises, NB octobre 2011) reprend avec un réalisme cru un sujet souvent traité ; il s'enrichit ici de l'attente et du don de la vie dans ces lieux de mort. Pour vaincre l'ignorance, établir la vérité, son héroïne essaie aujourd'hui de porter son témoignage à une classe d'adolescents. Mais n'est-il pas indicible, si éloigné de ce qui est imaginable ? Et sa mémoire hésite, sur les dates, les noms…. En plus des expériences singulières, il faut des historiens, dit l'auteur. Et des romanciers pour inventer ce qui a disparu. Elle y parvient dans ce roman bouleversant, écrit avec une ferveur disciplinée. (source : les-notes.fr)