Lucine revient vivre à Port-au-Prince pour tenter d'oublier sa jeunesse gâchée par le malheur de sa soeur Nine. Elle croise Saul qu'elle a connu lors des révoltes étudiantes contre le régime d'Aristide. Les soirées sont douces et la vie pleine d'espoir auprès des amis de Saul, même quand dehors rôde le vieux Firmin que son passé trouble et violent a rejeté dans une solitude inquiétante. Mais un jour les oiseaux cessent de chanter, la terre s'ouvre, et un grand nuage blanc recouvre tout... Poursuivant son exploration romanesque du rapport des vivants avec les morts, à différentes époques et dans différentes cultures, Laurent Gaudé (Pour seul cortège, NB septembre 2012) compose un roman choral puissamment évocateur de l'univers exotique et tragique d'Haïti où se mêlent le souvenir des temps politiques troublés et le traumatisme du séisme de 2010. Il y fait une large place à l'irrationnel, au mythe réinterprété des revenants, âmes mortes errant au milieu des survivants. L'aisance lyrique de l'écrivain et la force de son écriture incantatoire ne sont pas superflues pour adhérer à l'étrangeté d'une fin hypothétique en dehors du réel et du temps, au carrefour entre les vivants et les morts. (source : les-notes.fr)