1908. Dans leur demeure cossue de la Vallée du Cher, Anselme, notaire respecté, et Victoire, sa sage épouse, donnent toutes les apparences du bonheur et de la bienséance. En cinq ans de mariage, la jeune femme n'a jamais soupçonné l'attirance bestiale de son mari pour Céleste, la bonne de dix-sept ans que sa condition réduit au silence. Victoire découvre la grossesse de sa servante. Son monde corseté s'écroule. Violoniste baroque, Léonor de Récondo met aussi son talent au service de l'écriture. Après un portrait de Michel-Ange (Pietra Viva, NB septembre 2013), elle brosse ici celui de deux femmes enfermées dans les carcans sociaux, familiaux, religieux que sous-tendent non-dits et mensonges. L'amour, qui jaillit soudain, les transfigure. La femme du notaire conçoit brusquement la fadeur d'une vie que régissent les convenances de la bourgeoisie et le vide qui ronge son existence. La servante, issue d'une famille nombreuse et misérable, prend en main son destin. L'auteur restitue admirablement l'atmosphère du début du XXe siècle et explore avec finesse le cheminement intérieur de chacun des personnages. La partition se joue à huis clos, dans un style limpide qui vise à l'essentiel et enchante. (source : les-notes.fr)