Belitung, île indonésienne entre Sumatra et Bornéo, riche jusque dans les années 90 pour ses mines d'étain est constituée d'une population pauvre et de nombreuses ethnies ; les Malais appartenant à la communauté la plus défavorisée de l'île. Dans un village, misérable entre tous, se trouve une petite école financée par une organisation islamique : « la plus pauvre du plus pauvre village de Belitung ». Deux instituteurs, l'un très âgé, l'autre très jeune, une adolescente de quinze ans, se partagent la tâche avec dévouement et passion. Mais recruter dix enfants, le minimum obligatoire, s'avère difficile… Et quant à faire la classe dans cette cabane chancelante et sans le moindre équipement scolaire, cela tient de la gageure ! Ikal, le narrateur, et ses copains, dont les parents, coolies ou pêcheurs, ne savent ni lire ni écrire, travaillent après la classe pour rapporter quelques roupies à leur famille. Et pourtant, pleins de rêves d'avenir, ils étudient avec ferveur et se battent pour leur école tandis que la mine avoisinante gagne du terrain… Dans ce premier roman, en partie autobiographique, à la fois témoignage et documentaire, Andrea Hirata se remémore son enfance difficile et décrit ses condisciples. On les « voit » faire des kilomètres pour rejoindre l'école, à pied ou à vélo, traversant pour certains des marigots infestés de crocodiles avec de l'eau jusqu'à la taille… Dans un style naïf et coloré, une série de portraits émouvants se dessine, comme pris sur le vif au gré du quotidien : depuis le surdoué qui doit abandonner ses études pour remplacer son père jusqu'au grand enfant au sourire permanent en passant par la graine de poète, les fortes têtes, les rigolards, et les autres, tous bien typés… Andrea Hirata semble prendre plaisir à chanter l'histoire des plus humbles et la magie de l'enfance dans sa vitalité et son désir d'apprendre. C'est aussi un magnifique hommage à l'enseignante qui envers et contre tous les protégea et lutta pour défendre ses « guerriers de l'arc en ciel » comme elle les appelait. Un beau livre pour une très belle cause. (source : les-notes.fr)