1er juin 1310, place de Grève à Paris, Marguerite Porete, une béguine de Valenciennes, auteur d'un ouvrage jugé hérétique, Le miroir des âmes simples et anéanties, est brûlée vive. L'inquiétude monte dans le béguinage royal parisien où vivent en communauté des femmes seules, libres, mi-moniales mi-laïques, qui étudient, prient, chantent, travaillent, enseignent et soignent. Elles se mettent en danger en recueillant et en cachant une jeune rousse mutique et rebelle qui fuit un mari tortionnaire. Un béguinage fondé par saint Louis a bien existé dans le quartier du Marais et il en reste des vestiges. Sous le règne de Philippe le Bel, les querelles religieuses enfièvrent Paris, emplissent les prisons, enflamment les bûchers. Le procès des Templiers, la toute-puissance de l'Inquisition empoisonnent l'atmosphère. Aline Kiner (La vie sur le fil, NB juin 2014) fait un portrait très sombre de cette époque où rôdent la terreur, la violence et la délation. L'écriture froide, aux accents de l'époque, est au service d'un contexte historique rigoureux et austère. Mais l'émotion affleure dans le portrait nuancé de femmes remarquables et attachantes, de la compréhensive et humaine herboriste à la lettrée latiniste solitaire. Une lecture des plus intéressantes. (V.M. et M.S.-A.) (source : les-notes.fr)