À Saint-Pierre de la Martinique, le jeudi 8 mai 1902 à 5h du matin, un duel oppose le jeune Othello à un vieux barbon, tous deux amoureux de la jolie Louise. La narration de ce duel est l'occasion de présenter les multiples histoires de vie des habitants, ponctuées par les avertissements lancés par la Montagne Pelée, jusqu'à 7h52, heure à laquelle l'éruption va tuer trente mille personnes en Quatre-vingt-dix secondes. Daniel Picouly (Le cri muet de l'iguane, NB juin 2015) laisse la parole à la Montagne Pelée qui gronde sa colère, pour brosser un tableau pittoresque de la ville. Le procédé peut paraître artificiel, mais les personnages, hauts en couleur, rendent compte de toute la diversité sociale : les cochers, les lavandières sur le fleuve, la vieille qui faisait « passer » les enfants, l'unique détenu de la prison, le journaliste et les dignitaires locaux, hésitant entre l'envie de fuir ou rester. La langue baroque, lyrique, redondante, se fait parfois crue pour décrire le quotidien des petites gens. L'auteur joue beaucoup avec les mots, maniant humour et dérision à sa façon (excessive) qui peut plaire ou lasser. Une manière cocasse et volubile d'évoquer cette éruption tragique. (A.-M.G. et V.A.) (source : les-notes.fr)