1584. En Provence, l'abbaye de Notre-Dame du Loup doit son indépendance aux soins que ses moniales bénédictines ont dispensés à François Ier et sa prospérité aux compositions d'herboristerie d'une de ses doyennes. Le nouvel évêque de Vence, politique et viveur, y délègue une inspection avec pour mission d'y découvrir un scandale – voire d'en inventer un – qui lui permettrait de confisquer les ressources de l'abbaye. Il n'imagine pas le maelström qu'il va déchaîner. Très éclectique, Yannick Grannec, après un livre sur le Bauhaus (Le bal mécanique, NB novembre 2016), se penche ici sur ce XVIe siècle encore obscurantiste où les couvents de femmes subissent la loi des puissants, où la médecine est l'apanage des hommes et où l'accusation de sorcellerie menace celles qui osent faire usage de leurs connaissances. Ce roman historique, étayé par une solide documentation mentionnée en fin d'ouvrage, fait la part belle à la dureté de la vie conventuelle et à la mystérieuse alchimie des simples, mais ne répugne pas à effleurer des sujets profonds. On peut regretter cependant que certains caractères n'aient pas davantage été fouillés et certaines situations mieux exploitées. Mais l'histoire, bien troussée, de lecture fluide, avec parfois quelques traits d'humour, se lit très agréablement. (D.M.-D. et M.-N.P.) (source : les-notes.fr)