Ethan Muller, issu d'une richissime famille juive new-yorkaise, tient une galerie d'art contemporain à Chelsea. Il ne veut rien devoir à son père avec qui il refuse tout contact. Néanmoins, c'est indirectement grâce à lui qu'il découvre ce qui sera à la fois le noeud et le fil rouge d'une incroyable affaire. Dans une tour genre HLM, appartenant à la société immobilière Muller, un locataire, un certain Victor Cracke, a disparu, ne laissant derrière lui qu'un amoncellement de dessins à la fois superbes et inquiétants, composant, une fois déployés, un immense puzzle. Ethan expose une série de ces dessins. Le public et la presse, s'interrogent. Quid du mystérieux artiste ? Est-ce un génie ou bien un fou ? Un ancien flic a reconnu sur le motif central cinq visages d'enfants assassinés quarante ans auparavant. Il contacte Ethan qui, de plus en plus fasciné par l'oeuvre et son mystère, tire l'un après l'autre les fils de cette pelote où passé familial complexe et présent s'entremêlent à plaisir… Comment échapper à la complicité à laquelle le narrateur nous invite au fil de ses interrogations ? Ce jeune auteur, trentenaire comme le narrateur, qui a du tomber tout petit dans la potion magique du polar grâce à ses parents, Faye et Jonathan Kellerman, a également une expérience de dramaturge. C'est perceptible dans l'excellente mise en scène de ce thriller qui fait fi des règles du genre sans négliger pour autant coups de théâtre et rebondissements tous azimuts. Un zeste d'introspection, un soupçon de judéité et d'humour, une bonne pincée d'ironie autour du milieu d'art avant-gardiste, une forte dose de problèmes familiaux… les ingrédients sont nombreux. Peut-être trop, mais se plaindrait-on de trouver tant de perspectives et d'ouvertures dans un policier ? Par son écriture, élégante et pleine de vitalité, Jesse Kellerman captive dès le premier chapitre, et, en un talentueux crescendo, mène à d'ultimes surprises. Art du puzzle, puzzle sur l'art… Bravo l'artiste ! (source : les-notes.fr)