Après des années d'absence, un après-midi, Bernard, soixante-trois ans, réapparaît, pitoyable, dans une fête familiale. Sont réunis parents, amis… et Saïd. Saisi de folie, Bernard mène une désastreuse expédition dans cette famille arabe parfaitement intégrée dans le village. Alors, le soir, chacun donne une version démultipliée de la personnalité dérangeante de l'intrus, se raconte aussi, mêlant son histoire à celle de Bernard qui avait vingt ans en 1960, en Algérie. Et de la nuit de sa mémoire renaissent ces morts inexpliquées, ces scènes insoutenables pour lui, l'homme pieux, acteur involontaire d'une guerre honnie. Et, le matin, il faut revivre, survivre pour essayer de se comprendre… Sur les thèmes de la différence, de l'exclusion, du racisme, des haines familiales et des vengeances différées, Laurent Mauvignier construit avec talent et sensibilité une oeuvre forte, dense, riche. Il la divise en quatre moments d'une journée qui ressemble à une vie : celle d'un homme détruit. Les changements de ton dans l'écriture : narration, dialogues, introspection habilement amenés impliquent le lecteur, accentuent l'intensité dramatique, portent ce personnage qui cherche éperdument à rompre son insupportable solitude, thème récurrent de l'auteur (Seuls, NB avril 2004). (source : les-notes.fr)