Une ?oenégresse” presque centenaire mais encore contestataire, un homme hanté par les accidents de la plate-forme pétrolière où il travaillait, un pasteur blanc inquiétant à la fois attiré et effrayé par la violence, une femme reniant son fils bâtard mutique, un prisonnier entraîné malgré lui à tuer : cinq personnages restés à la Nouvelle-Orléans, alors qu'un ouragan dévastateur approche et que des milliers de gens abandonnent précipitamment la ville. Ce sont cinq laissés-pour-compte dont les destins se croiseront sans cesse dans le déferlement des éléments en furie, l'odeur nauséabonde des bayous et l'invasion des rues par les alligators. Ces cinq voix s'élèvent, d'abord séparément, chacune modulant ses préoccupations à son propre rythme, pour se rejoindre ensuite aux moments-clés, comme dans une fugue musicale. Elles racontent la peur, la lâcheté, la servitude, mais aussi l'attente, la résistance, l'amour, la fidélité dans le style sobre qui caractérise Laurent Gaudé (La Porte des enfers, N.B. août-septembre 2008). Malgré des scènes apocalyptiques, une lueur d'espoir et de sérénité s'entrevoit avec le chant final. Un roman magistral, dont les échos se prolongent. (source : les-notes.fr)