Des séquelles de la guerre de sécession à la seconde guerre mondiale, du Missouri à la Californie, Margaret s'est définitivement étiolée dans l'ombre d'un mari autoritaire, égoïste et suffisant. Formée dès son enfance à la docilité et au dévouement dans un milieu traditionaliste, elle fait un mariage de convenance et va mener une vie sans éclat dans une base navale isolée. Seules quelques amitiés, notamment avec une famille japonaise, apportent un peu de chaleur à une existence jalonnée par des catastrophes privées et publiques. L'auteur (Dix jours dans les collines de Hollywood, NB juin 2008) fait un portrait au long cours de femme mal mariée qui subit sans oser réagir les échecs répétés de son mari, scientifique borné, incapable de se remettre en question et peu à peu gagné par la paranoïa. Elle fait sentir pourquoi, malgré sa constante attention aux autres, sa sensibilité esthétique, son courage, cette épouse trop soumise n'arrive pas à s'extraire d'un état de semi-sidération permanent. En effet, seule l'intervention de l'Histoire, avec Pearl Harbour, arrive in fine à disloquer ce couple soudé par la perversité pathologique et la cécité volontaire. Mais n'est-il pas bien tard pour un nouveau départ ? (source : les-notes.fr)