Israël, de nos jours. Ora part randonner en Galilée en coupant toute communication avec ses proches. Pour elle, tant qu'on ne pourra la joindre, rien n'arrivera à Ofer, son second fils, en opération armée dans les Territoires palestiniens. Elle convainc Avram, son amour de jeunesse, de la suivre. En chemin, elle lui confirme qu'il est le père d'Ofer, décrit l'enfance du garçon et de son frère aîné ; elle ressasse leur passé tumultueux avec Illan, son mari qui l'a quittée. Elle révèle enfin le lien profond et douloureux qui les unit tous, plus qu'ils ne le pensent, depuis certains jours de 1973. Ce long et tortueux monologue d'une femme meurtrie, parlé, chuchoté ou hurlé au rythme de la marche dans le cadre grandiose des monts de Galilée, la prise de parole progressive d'un interlocuteur détruit par l'atrocité de la guerre, l'omniprésence des absents (mari et fils) tissent un récit puissant qui bouleverse autant qu'il dérange. David Grossman (J'écoute avec mon corps, NB juin 2005) réussit le tour de force de faire vivre dans le corps, la tête et le coeur d'une femme trop aimante, mère envahissante, un magnifique roman d'amour et d'amitié tragiques, hanté par les conflits israélo-arabes. (source : les-notes.fr)