Le 29 septembre 1824, Grégoire Montel, papetier de son état, écrit au baron Vivant Denon, égyptologue et collectionneur, en lui adressant le récit de la vie de sa femme, Marie-Sophie Montel, rédigé par elle-même. Ainsi commence cet extraordinaire roman ayant, pour toile de fond, le tournant historique de la Révolution de 1789.Qui fait courir Marie-Sophie, enfant présumée muette, née en 1765 dans un moulin à papier de Plombières (Vosges), élevée par des chanoinesses de Remiremont, enlevée par Beaumarchais ? Pourquoi la retrouve-t-on, plus tard, parmi les ouvriers qui mettent à sac une fabrique de papier-peint, où grondent les prémices de la tourmente révolutionnaire ? Comment devient-elle modèle dans l’atelier de David ? Pourquoi, masquée et toujours muette, dans une "petite maison" du Palais-Royal, donne-t-elle du plaisir aux Talleyrand et autres Philippe d’Orléans avant d’accompagner Dominique Vivant Denon en Égypte à qui elle semble être très attachée ?"On va vite avec l’imagination des femmes", écrivait ce même Vivant Denon, fleuron de la galerie de portraits qu’offre ce roman. Avec Jeanne Cressanges, on va vite et loin dans la passion du papier, de l’écriture, dans la passion d’une femme pour un homme à laquelle elle est prête à tout sacrifier, en un mouvement de l’âme qui, comme Les Ailes d’Isis, rassemble et ranime les morceaux épars de toute vie.